Voilà un projet sur une locomotive qui avait déjà pas mal tourné sur mon réseau.
Digitalisation « complète »
Ce modèle est celui d’une locomotive Eurosprinter/Taurus de Siemens, exploitée par HUPAC (société de transport de frêt basée en Suisse). Il est construit par Hobbytrain (appartenant au group Lemke), mais était vendu par Conrad en Allemagne comme un modèle low-cost.
Mon projet initial était de mettre à jour le vieux décodeur, pour le remplacer par un ESU Lokpilot, ainsi que de rajouter des feux jaunes/rouges. Le modèle initial n’a que deux LEDs blanches pour les feux avant, pas de feux arrières.
Après ouverture de la locomotive, j’ai réalisé qu’une installation sonore pourrait y rentrer.
Et puis, le temps d’attendre que le décodeur ESU Loksound Micro v4.0 arrive par la poste, j’ai décidé de tenter une première (pour moi): l’éclairage des cabines conducteur. L’ESU Loksound Micro a en effet 4 sorties de fonction. J’en utilise normalement 2 (feux avant/arrière), en abandonnant les deux autres. Cette fois ci, je vais essayer d’exploiter tout le potentiel du décodeur.
L’enjeux de ce projet ambitieux pour un amateur comme moi: une locomotive à 49€, et un décodeur… à 89€. Le modélisme peut être un hobby dangereux parfois!
Voici une photo de la locomotive démontée. La platine d’origine n’incluait pas de prise NEM651, et les deux LEDs blanches sont visibles. Le décodeur, installé il y a longtemps, était un décodeur simple de CT-Elektronik.
Cabine conducteur
Il allait falloir attacher les platines d’éclairage des 2 cabines conducteur sur le toit de l’engin. La question était comment connecter ces platines au corps de la locomotive, c’est à dire au décodeur. Les fils, mêmes très fins, aurait empêché la fermeture de la locomotive. J’ai donc décidé deux choses:
- Les 3 contacts (cabine avant, cabine arrière, masse) se feraient via des lamelles flexibles. Du même type que celles utilisées pour le contact des roues d’une voiture éclairée. Cela permettra un contact une fois la locomotive fermée, sans empêcher de l’ouvrir dans le futur.
- En lieu et place de fils, j’utiliserai de la laque argentée conductrice, la même que j’utilise pour mes essieux.
La réalisation des deux mini-platines n’est pas bien compliquée avec des composants SMD. Les LEDs sont miniscules, et émettent 200mcd (Conrad réf. 180479). Comme il se doit, en tant que bricoleur du dimanche, j’ai utilisé une calculatrice en ligne pour calculer la résistance nécessaire. J’ai fini par utiliser deux résistances, car je les avaient « en stock » (470Ω + 51Ω), et ai rajouté une diode par sécurité.
Au passage, j’ai réalisé par la suite que les 200mcd émis par les LEDs sont trop clairs. Il faudra que je modifie les CVs du décodeur pour réduire l’intensité des lampes.
Voici mes deux platines d’éclairage de cabine, on reconnait facilement mes soudures peu élégrantes:
Les voilà installées (collées) sur la partie du toit:
En enfin, avec la laque conductrice:
Pour les contacts entre le toit et le corps de la locomotive, j’utilise des petits bouts de platine électronique à bande. La platine côté décodeur recevra les lamelles de contact.
Voilà enfin le toit, une fois l’aménagement intérieur des cabines réinstallé (il cache les platines):
C’était plutôt facile en fait. La laque conductrice fonctionne très bien, j’ai du seulement « repeindre » à un seul endroit (après test avec un multimètre). Il faudra que je pense à installer ce gadget plus souvent!
Trouver de la place
Décodeur
Commençons les choses sérieuses. Mon décodeur Loksound Micro v4.0 d’ESU n’est pas le plus petit du marché: 25.0 x 10.6 x 3.8 mm. La longueur n’est pas le plus grand problème, c’est plutôt l’épaisseur. 4mm cela peut être beaucoup en N.
J’ai un moment envisagé de tester le plus petit décodeur son du marché (à ma connaissance). Le Ct-Elektronik SL-76 ne mesure que 16.7 x 7.7 x 2.3 mm…c’est une grosse différence! (Note 2024: CT-Eleltronik/Tran n’existe plus).
Au final, je suis resté fidèle à ESU. Je n’ai jamais eu de mauvaise expérience avec CT-Elektronik, mais je préfère avoir un parc de décodeur désormais standardisé. Je connais le Loksound, et avec le Lokprogrammer d’ESU j’ai un contrôle total sur les sons et fonctions installés. De plus, ESU propose des dizaines de modèles de sons à téléchargés (y compris 2 pour les locos de type Taurus), je n’en ai trouvé aucun pour le SL76 de Tran.
Le prix du Loksound Micro v4.0 a baissé de 20€ en Allemagne, on peut le trouver désormais à 89€. Bonne nouvelle.
Par contre, pour accomoder les 4mm d’épaisseur, une petite modif du toit était nécessaire. Il a fallu rogner un renfoncement intérieur. Ce dernier était prévu pour supporter une grille extérieur en plastique, et faisait perdre un bon millimètre:
Et voici le résultat, toujours pas très propre, admettons:
Haut-parleur
Dans une installation similaire, décrite sur le site allemand 1zu160, le HP était placé sous la locomotive, entre les boggies. Dans mon cas, cette partie fait partie du « corps » de la locomotive en plomb. Pas pratique à découper.
Il restait donc la place laissée par l’énorme LED 3mm de la platine originale, directement sous le toit. Pour laisser passer le son, j’ai percé le toit. Cette section se trouve en fait sous le support du pantographe, les trous seront donc invisibles:
Enfin, et surtout, il fallait choisir le haut-parleur. J’avais lu un article positif sur le nouveau 50326 d’ESU, un haut parleur carré et plat. Avec ses 12x14mm (5.5mm en hauteur), il passe parfaitement dans du N en position horizontale. Il est décrit comme produisant 1-2W sous 8 Ohms.
Et puis, par hasard, je suis tombé sur un HP qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, le LS1412 de Doehler & Haass (un petit constructeur de décodeur allemand). Il ne donnait que 0.8W officiellement.
Le prix? 10€ pour le modèle ESU, la moitié – 5€ – pour le Doehler & Haass chez Modellbahnshop-Lippe.
Voyez-vous une différence de l’extérieur?
ESU est une bonne marque, je n’ai aucune raison de douter que leur HP est un peu plus puissant. Et pourtant, en regardant les deux modèles, je ne peux m’empêcher de penser à un dilemme de supermarché: un produit de marque et un produit sans marque, tous deux identiques et sortant de la même usine.
J’ai testé les deux, et franchement je n’ai remarqué aucune différence. Il est à noter cependant, que je ne les ai pas testé côte à côte, mais l’un après l’autre. Je ne peux donc pas exclure que le modèle ESU soit un poil meilleur. Pour moi cependant, vu le prix, le Doehler & Haass fera l’affaire dans le futur.
Conversion
Donc, j’ai installé le décodeur. Soudure au moteur, au HP, et au corps de l’engin. Ce dernier est de construction simple et solide: 2 parties de plomb font office de coeur et de conducteur pour la loco, séparés d’un millimètre au centre par du plastique isolant. La seule précaution à prendre est de bien isoler tout montage que je poserait sur le dessus.
Voici une photo qui expliquera tout ce qui a été dit jusqu’à présent:
Doehler & Haass conseille de décoler la pastille adhésive se trouvant sur le haut du HP. C’est une espèce de grillage flexible, très fin. Voici donc la partie de la loco équipée du HP nu:
Problème de LEDs
J’ai calé longtemps sur les platines d’éclairage. Après 4 soirées, 8 montages, et une vingtaine de LEDs foutues, j’ai trouvé la bonne combinaison.
Il faut dire que l’espace laissé pour placer les LEDs était restreint. L’aménagement intérieur des cabines (bout de plastique) ne laisse que 2 à 3 mm de hauteur, sauf à l’extrême bout de la loco, avec 4mm environ. Une platine fait déjà 1.5mm de haut, une résistance SMD 0.5mm environ, et la LED 1 mm… donc pas facile.
Voici le résultat final, avec deux patines en quinconce, et de la laque argentée également:
Vers la fin
J’ai installé la partie qui établira le contact avec le toit, pour l’éclairage des cabines:
Ensuite, j’ai préparé mon profil de décodeur. Je suis plutôt habité au Lokprogrammer maintenant, cette partie est donc plutôt divertissante.
Comme toujours, j’utilise pour base un profil téléchargé sur le site d’ESU. Les sons de bases sont donc déjà là (moteur…), je n’ai plus qu’à en rajouter. J’ai utilisé le profil « Eurosprinter », le surnom générique de cette gamme de locomotive. Je crois que le surnom « Taurus » est utilisé seulement par les ÖBB en Autriche.
Enfin, j’allait utilisé les 4 sorties auxilliaires du décodeur (2 feux, 2 cabines conducteur). L’attribution des fonctions s’est fait en deux minutes grâce au logiciel. Cela aurait été possible en programmation CVs, mais avec beaucoup plus de temps.
J’utilise au final 31 des 28 fonctions du décodeur. Vous avez bien lu. J’ai découvert un truc auquel je n’avais pas pensé. On peut attribuer la fonction « shift » à une fonction du décodeur. Cela fonctionne comme la touche shift (majuscule) d’un clavier: en pressant une touche + la touche maj, on tappe en réalité une lettre diférente. Même principe ici. Si la fonction 15 est l’annonce pour la gare A, alors la fonction 15 + la fonction 24 (shift) est l’annonce pour la gare B.
Voici la locomotive avant de la refermer pour de bon:
Conclusion
Je suis plus content. Voici une locomotive à 49€ désormais pleinement équippée et sonorisée, avec plus de 30 fonctions physiques ou sonores!
C’était ma première installation dans un espace relativement réduit. Ce n’est pas si facile, et cela prend du temps. Il ne faut pas oublier que les modèles sonorisés d’usines sont désormais plus courants. On trouve des Taurus sonorisées chez Fleischmann pour moi de 220€.
Mais après tout, rien ne remplace le plaisir et la frustration d’un peu de bidouillage.
Seul déception, les feux avants/arrières. Pour l’avant, j’ai du abandonner le troisième feu central (visible sur cette vidéo). D’un autre côté, je suis content de mon éclairage cabine. La réalité, c’est que c’est un gadget. A priori, si j’ai bien compris, les conducteurs n’éclairent la cabine qu’en y montant, mais pas en marche de nuit. Je ne suis définitivement pas un puriste!
Si vous cherchez de l’inspiration, je recommande la page 1zu160 sur les installations de décodeurs. (en allemand, utilisez donc Google translate). C’est une liste impressionnante et bien illustrée, beaucoup d’exemples m’ont aidé.
C’est avec cela que l’économie va repartir !