Le module MARCo d’Uhlenbrock (art. 68500) combine Railcom (technologie européenne de détection des trains) et Loconet (le bus multifonction de Digitrax)
MARCo est l’abbréviation de « Modulare Automatik für RailCom » (Automatisme Modulaire pour Railcom). Uhlenbrock le vend comme une possibilité d’automatiser un réseau en utilisant la reconnaissance des trains Railcom, sans PC.
Et bien j’utilise un PC, mais je me disais que je pouvais utiliser ce module quand même: je voulais voir si la détection des trains de base fonctionnait.
Railcom & Loconet: étrange union
Loconet et Railcom sont respectivement des technologies américaine et européenne; elles n’ont pas été conçues pour cohabiter:
- Railcom de Lenz Elektronik GmbH, désormais adoptée par la plupart des constructeurs de décodeurs européens, est une norme de détection des trains. Elle permet notament aux trains de « répondre » à la centrale DCC, ce qui permet par exemple la programmation sur la voie principale (POM), ou l’identification précise des trains présents. Lire ce post pour en savoir plus.
Au fait: Uhlenbrock ne voulait pas de Railcom jusqu’à l’an dernier. En effet, ils avaient une technologie d’identification des trains maison, LISSY. Mais, cette vieille technologie par infrarouge a toujours été presque impossible à faire rentrer dans du N. - Loconet est un bus (réseau) conçu par Digitrax Inc. Contrairement au S88, il permet non seulement la détection des trains, mais aussi d’autres choses (contrôles d’accessoires, des trains…). Uhlenbrock était le seul « grand » constructeur allemand ayant adopté Loconet, toutes ses centrales Intellibox en étant équipées.
Quant à moi, je n’utilise Loconet que pour la détection des train (voir ce post), et presque toutes mes locomotives ont déjà des décodeurs Railcom.
2 rappels importants sur Railcom:
- En plus de décodeurs compatibles, il faut avoir une centrale (ou au moins des boosters) Railcom. En effet, le signal DCC envoyé aux voies doit inclure un « cutout », une pause du signal laissant le temps aux trains de répondre. Sans ceci, MARCo ne vous servira à rien.
- Certaines fonctions Railcom sont dites « globales ». Ainsi, avec une centrale compatible, vous pouvez déjà programmer vos trains sur la voie principale par exemple.
D’autres fonctions sont dites « locales ». C’est le cas du MARCo, qui sert à implémenter une identification des trains aux niveaux des blocs (2 en l’occurence).
Que fait MARCo?
Il a 2 connecteurs, pour 2 sections de voie. En bref, il permet:
- Détection et identification des trains, et de la direction du sens de la marche
L’identification du # de train fonctionnera avec tout train équipé d’un décodeur Railcom, ou alors agrémenté d’un petit émetteur Railcom en plus du décodeur.
La détection du sens de la marche par contre ne fait pas partie de la norme Railcom. Uhlenbrock utilise une astuce: il faut utiliser les 2 sections de détection côte à côte, et le module en déduit le sens de la marche. - Programmation sur la voie principale (POM)
Toute centrale Railcom permet déjà cela. Je suppose donc que cela rajoute cette fonctionnalité pour des centrales non Railcom, telles que certains Intellibox; à la condition que la locomotive soit dans une section du MARCo. - Automatismes sans PC
Le MARCo peut envoyer tout types d’ordres (aiguillages, signaux, fonctions et vitesses…) en fonction du train détecté. Cela ouvre beaucoup de possibilités d’automatismes sans ordinateur. Il s’agit du principe d’Uhlenbrock: beaucoup de « petites boites un peu intelligentes » disséminées sur le réseau, plutôt qu’un cerveau central.
Je préfère un cerveau central, et mon Loconet est connecté directement à mon PC. Donc ce test se limitera à la fonction de base du MARCo: sa capacité à détecter et identifier les trains, usage 2) sur le schéma ci-dessous:
Comment cohabitent Railcom et Loconet?
Lenz (Railcom) and Digitrax (Loconet) n’ont probablement jamais discuté ensemble. Comment Uhlenbrock a-t-il pu combiner les deux technologies? Parce qu’elles ne concernent pas la même chose!
Le protocol du bus Loconet a été prévue dès le départ pour l’identification des trains. En effet, Digitrax aux USA a une technologie propriétaire d’identification des # de train: le transponding. Je n’ai jamais testé, mais en gros c’est une technologie similaire à Railcom par quelque aspects.
L’important en fait, c’est qu’il existe déjà une instruction standard en language Loconet pour dire « le train X occupe la voie N ».
Donc en fait, MARCo utilise une technologie Européenne de détection des trains par les voies (le Railcom), mais parle ensuite le language Loconet pour transmettre les informations.
Cela veut dire aussi a priori, que tout logiciel PC compatible avec Loconet devrait savoir interpréter ces informations.
Ouverture et connection
L’adaptateur 68500 (ou plutôt « Empfänger » – récepteur) est livré comme toujours avec un cable Loconet, mais par contre, il faudra télécharger le manuel (en Allemand ou en Anglais) sur le site d’Uhlenbrock.
L’installation se fait facilement, j’ai utilisé une de mes voies de garages sur mon réseau.
Note pour les débutants en Railcom:
Uhlenbrock vend aussi le set 68100, qui inclut le récepteur, et aussi 2 « émetteurs ». Ces émetteurs sont des petits modules ressemblant à des décodeurs, mais qui se rajoute à une locomotive DCC non équipée Railcom.
Chaque émetteur vaut 14,95€, ce qui est un peu cher. Pour 10,95€ par exemple, Tams (un petit constructeur allemand très actif), vend le « FD-R Basic ». Il s’agit encore d’un émetteur Railcom, mais pour moins cher, il inclue aussi 2 sorties pour fonctions supplémentaires (éclairage par exemple).
Maintenant, vu la taille de notre matériel en N, la prévention est toujours la meilleurs de solution. Presque tous les décodeurs allemands ou autrichiens (ESU, Lenz, Zimo, Tams…) sont déjà équippés de Railcom de toutes façons, et Uhlenbrock s’y met logiquement aussi.
Programmation du module
Les modules Uhlenbrock Loconet utilise des « Loconet-CVs » or LNCVs. J’utilise un moyen détourné pour programmer mes modules sans centrale Intellibox de la marque, mais pour ceux qui en ont une, cela se passe de commentaires.
La configuration qui me paraissait évidente (voir manuel en bas d’article), était la suivante:
- LNCV 0 & 1:
Adresses de mes deux sections de voies. - LNCV 2 (valeur 1):
Dire au MARCo de considérer les deux sections de voies comme indépendantes, c’est à dire ne pas rapporter la direction du train. - LNCV 15 (valeur 2):
Voici les options;
-
- 0 – ne pas envoyer d’infos sur le Loconet
Utile pour ceux qui veulent utiliser le MARCo comme « cerveau » local. Il enverra des ordres (aiguillages et autres), mais pas d’info sur le train ou l’occupation de la section de voie. - 1 – envoyer l’info sur le Loconet au format Uhlenbrock.
Permet encore plus d’automatisation décentralisée: des MARCo pourront parler entre eux, ou des afficheurs Uhlenbrock pourront montrer le numéro de train détecté. - 2 – envoyer les infos d’occupation au format Digitrax
- 0 – ne pas envoyer d’infos sur le Loconet
Ce dernier réglage me paraissait parfait: je veux que le MARCo parle en language universel sur mon Loconet, pour que mon logiciel PC (TrainController Gold V8) puisse savoir quel train est là. En lisant plus bas, vous verrez que ce réglage n’était pas le bon…
Attention, j’ai perdu des heures à cause d’un détail. Il faut que la masse du Loconet soit connectée à celle de votre centrale (ou booster). Sinon, vous pourrez tout de même programmer le module mais il ne confirmera pas avoir pris en compte vos instructions. J’ai découvert ceci sur un forum allemand).
Tests
2 choses étaient à tester:
1) Identification des trains (# de train)
J’ai été bien déçu: j’avais beau poser une locomotive Railcom sur ma section de voie, rien ne se passait. C’est seulement après 10 relectures du manuel que j’ai compris qu’il fallait que le train bouge si le LNCV #15 = 2. J’ai donc envoyé un ordre depuis ma centrale (changement du sens de marche par exemple), et miracle, MARCo à commencer à bavarder sur le Loconet:
Ce message apparait bien comme un message Digitrax standard (il se « travesti » en message de transponding), cela devrait donc plaire à Train Controller.
Mais alors, MARCo peut il quand même identifier un train à l’arrêt? C’est ce que je veux faire justement: identifier un nouveau train posé sur la voie. Et bien oui, mais il faut ruser:
Pour que le MARCo identifie les trains même à l’arrêt, il faut changer le LNCV #15 vers 3 (et pas 2). Bizarrement, ce réglage n’est pas décrit dans le manuel en VO allemande (p73), mais il apparait bien dans le manuel traduit en anglais (p77). Il s’agit du réglage « Send ÜF Digitrax format with loco address and block occupied ».
2) Détection d’occupation (canton libre/occupé)
Cela paraissait simple, mais s’est transformé en double problème:
- Message d’occupation pour les trains Railcom
Le message avec # de train décrit ci-dessus n’est pas un message d’occupation, mais juste un message d’identification: certains logiciels considérerait le canton libre malgré tout.
Après avoir re-re-relu le manuel, j’ai découvert les LNCVs correspondants. Pour reporter l’occupation d’un canton (libre/occupé), il faut ajouter 32 et 64 à la valeur du LNCV #15. Donc dans mon cas, LNCV #15 = 3 + 32 + 64 = 99.
Avec cette valeur, le MARCo envoi 2 messages distincts sur le Loconet: « Train #X détecté », et « Voie N occupée » :
- Message d’occupation pour les trains NON Railcom
Et bien non, cela ne marche pas, et j’ai tout essayé. Apparement, le MARCo ignore complètement les trains (ou wagons) non Railcom. Il n’est pas capable d’envoyer un simple message « canton occupé » quand il ne trouve pas de numéro de train via Railcom, ce qui est une catastrophe pour toute loco non équipée, ou pour une rame poussée par exemple.
Pour voir comment j’ai configuré MARCo et un logiciel PC (TrainController Gold), voir le lien ci-dessous vers mon autre post.
Conclusion
Pour les gens sans ordinateur, MARCo propose de nombreuses fonctionnalités d’automatisation, le tout en fonction de chaque train. C’est affreux à programmer (le manuel fait plus de 100 pages d’intimidants tableaux de LNCVs), mais cela marche sûrement bien. Cela dit, il vous faudra investir dans plein de petits MARCo…est-ce vraiment la peine quand vous pourriez avoir un logiciel PC qui ferait plus, plus facilement?
Quant à la detection simple des train, et de leur identification, le MARCo fait le travail…en partie. Il est intolérant car il refuse de considérer les trains non Railcom: il n’envoit pas de message d’occupation Loconet dans ce cas.
Soyons honnête, ce n’est pas l’usage qu’Uhlenbrock veut nous vendre. Mais si vous souhaitiez utiliser le MARCo comme un détecteur simpe, agrémenté de l’identification des trains Railcom si possible, c’est raté.
Cela dit, pour moins de 40€, ce module pourra être pratique pour ceux qui ont déjà un réseau Loconet. Il faut dire que les autres solutions Railcom locales nécessitent d’acheter beaucoup de modules, puisque leurs bus railcom sont en fait séparés. Le problème de ces soutions, en plus de prix, c’est que ces fameux bus Railcom ne sont pas forcément encore gérés par tous les logiciels PCs, alors que le Loconet est un standard semi-ouvert, vieux de plus de 10 ans.
Vous utilisez ou être intéressé par le MARCo? Etes-vous en Amérique du Nord et roulez vous avec Railcom? N’hésitez pas à commenter ci-dessous.
Articles en rapport
Liens externes
- Le logiciel Loconet-Checker: http://homepage.hispeed.ch/trachsler/
(dont la fonction « Loconet Viewer » m’a permis de suivre les messages Loconet en direct) - Pour des exemple d’automatisation, plains de vidéos (par exemple ici)
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